Clair de lune

écrit - journal saccadé et informe

test pavé1 - la Rochelle, XX/XX/2024

Le sculpteur japonais qui fume ses belles cigarettes à côté de son collègue sûrement français. Comment polir ma propension à ranger et m'émerveiller. Chaque chose est associée à un sentiment, un frisson d'absolu. Le soleil, la lune, mon ombre, la mer, du bateau au loin à la tâche sur mon pantalon. Peu m'importe les questions de forme, ce qui me torture est l'émotion nouvelle. Dire autre chose, montrer du nouveau, du si violent et si éclatant nouveau. Nulle émotion déjà exprimée, nulle réminiscence d'un sentiment plus ancien. Une réponse serait d'écrire sur la nouveauté de fait, les technologies, les interfaces d'aujourd'hui. Facilité mais il s'y cache quelque chose à exploiter. Pour l'instant faire mon site, un beau site d'ailleurs, et de là me polir.Les bouts d'écume qui fusent comme des bulles au-dessus de la falaise. Le petit blé qui se courbe en nuages d'oiseaux. Les fleurs qui connaissent ton amour du beurre font face aux 10 bonbonnes de 100m de haut du port industriel de la pallice. Le cinquième hélicoptère de la semaine qui fait un bruit de vieillard mourant en survolant les falaises venteuses.

test pavé2 - Amsterdam, XX/XX/2024

Souris blanche pour m'accueillir à Bruxelles. 2h13. Trouvé un banc mais ne me sens pas en sécurité pour dormir, cris alcoolisés autour, sdf qui me fixent. Je vois le même mec faire des tours en trotinnette, la police aller et venir. Je vois un bel immeuble et j'y vais. Bruits bizarres dans les immeubles. J'ai trouvé un café ouvert, je vais y rester jusqu'à ce que j'ai envie de pisser puis j'essayerai peut-être de trouver des cigarettes. J'ai renversé un bout de mon café et un homme à côté m'a demandé si j'allais bien en m'appelant chef. Il me demande lui aussi des cigarettes. Puis il part et son collègue me raconte qu'il était juif, qu'il a plein de choses dans la tête qui peuvent te faire comprendre le monde et que lui-même vendait des cigarettes pendant 3 ou 5 ans à chateau rouge. "C'est un juif mais il est comme nous". Le juif revient pendant que je discute avec son collègue, je crois maintenant voir en lui cette forme de malice du juif errant, tous les deux sont tout ce qu'on peut attendre des sdf. Les blancs riches, ma caste, traversent la ville à vélo. Trouvé le quartier des blancs, des queers, c'est tout de suite moins intéressant et à 50m du commissariat. Trouvé un magasin qui vendait des cigarettes mais pas envie au final, regardé le choix important, cherché des yeux les marlboro gold, seul nom qui me vient à l'esprit. La fatigue empêche ce genre d'action, mon corps fonctionne à la simplicité, marcher car je ne me sens pas de dormir mais je ne suis pas capable de rajouter toute autre action ou perspective, pas l'énergie suffisante. Même boire j'en suis incapable. Donné 1e à un arabe bourré, 2e à un autre mec plus tôt. Cet arabe était très drôle, à parler de la race déchue des arabes à chevaux au milieu de la plus belle place de bruxelles, la grand place je crois, seuls tous les deux. Il chancelait, tourbillonnait et me prenait dans ses bras, je lui touchais l'épaule comme un président. Maintenant envie d'acheter des cigarettes pour en donner à tous les pauvres que je croise. En tout cas grand plaisir de donner à ceux qui font la manche et un plaisir que je n'estime pas d'une forme de générosité ostentatoire ou personnelle donc que je me permets d'apprécier. D'ailleurs comme les réclamants sont souvent bourrés je n'ai aucune crainte et m'amuse avec eux, je ne m'amuse jamais d'eux. Il est 3h47. Trouvé un banc, j'y repose mon dos et je repartirai, je crois que je n'ai plus rien à voir ici. Je ne sais pas si je me serais autant amusé en écoutant de la musique, je ne crois pas. Je me questionne sur l'amenuisement des capacités du fait de vivre dans la rue ou du moins dans la plus grande pauvreté des grandes villes. Ces gens ne me semble pas semblables, pourtant nous provenons d'une base commune. Par exemple je remarque que je parle déjà à haute voix à cause de la fatigue et que ma mémoire se dégrade très vite. Tristesse. Oui il me faut acheter des cigarettes pour en fumer une ou deux sur les quais d'Amsterdam et donner le reste. Je crois que mon eau était trop fraîche et a donc mouillé par son extérieur mes vêtements. Je n'ai pas de quoi les sécher pour l'instant, j'espère qu'ils ne puent pas. Je commence à avoir froid, je vais voir quelques monuments puis je retourne à la gare. Un couple à 4h du mat, musique très faible, petite bouteille de vin entre eux et semblent bien légers. Je sais ce que je pense quand je vois cela. Vivre pour écrire dans lettres à un jeune poète de rilke. Assez belle ville, de grandes lignes que je n'attendais pas, un bel agencement des monuments depuis une sorte de plateau surélevé, une pierre en appelle une autre sur une aire assez grande. Le ciel s'éclaircit et je retourne à la gare, il est 4h39. Je m'extasie devant chaque beauté, je veux tout prendre en photo, tout écrire et ne me retiens qu'un peu. Alors que chacune de ces beautés est la plus élémentaire des hommes, un ciel qui s'éveille, un oiseau qui sautille, une pierre sévère. Je ne sors pas assez. Je n'utilise pas mon casque maintenant je devrais essayer de moins utiliser mes notes ou maps et vivre pour vivre. Passé devant un sex shop et déposé mon regard sur des jouets en métal alors que je ne m'y attendais pas. J'ai toussé de surprise affectée, je ne me savais pas capable de ce genre de réaction pour si peu. Amenuisements de la fatigue encore. Je me suis endormi dans le train que j'ai pris, il me semblait bien à direction de Amsterdam mais je me retrouve à mon reveil vers le Luxembourg. Petit problème. Deux trains à prendre pour retrouver ma destination. Arrivée prévue vers 11h30 à Amsterdam. J'ai pris un train totalement non reservé et au contrôle de mon billet tout s'est bien passé, j'ai même pas envie de comprendre. Trop de fatigue... Nausées de fatigue... Et j'ai froid par la base découverte de mes tibias. En arrivant dans cette ville et réalisant que je pouvais si radicalement modifier mon environnement durant une nuit, j'ai eu une forte dépersonnalisation des autres. Là, envahis par la foule c'est moi-même que je dépersonnalise. Le premier est préférable au second. L'effervescence des choses et des objets commerciaux me rend anxieux, je préfère oublier que toutes ces machins perpétuellement autour de moi ont des valeurs si fétichisées. Il me faudrait un monde tellement plus vide. L'impression d'être assez hors du temps alors qu'au contraire c'est maintenant que le temps a sa valeur propre. La journée passe plutôt qu'elle ne s'oublie. Passage au musée de l'hermitage. Au niveau de l'art plastique j'aimerais seulement savoir croquer des paysages urbains et dessiner une femme. Kanvinsky qui oppose nature et art dans un fort élan de vitalité créatif. En réalité je n'y vois que de l'égoïsme, la création de son petit livre d'image personnel (aplats rouges, lignes croisées, ellipses houleuses, etc.). S'affranchissant d'un cadre il en crée un nouveau plus intime mais je ne conçois pas une présentation de ces œuvres dans cet esprit. Malgré tout après une 50aine d'œuvres vues, on comprend très bien l'ampleur et le poids de ses tentatives, créer un nouveau langage, refaire l'art, faire table rase, tout ce qui m'impressionne toujours devant chaque œuvre bauhaus. J'arrive à l'auberge de jeunesse et il y a quelqu'un qui dort alors que je voulais me doucher, charger mon téléphone et repartir. Je n'arrive pas à me doucher sachant que je le reveillerai. Je me plie en 4 moi et mon confort pour un inconnu, c'est quand même sacrément s'écraser. Balade autour de l'auberge, quartier d'immigrés et vide. Simple endroit pour fumer et boire. Ici même les parcs sont conçus pour les vélos. En étant à pieds j'ai accès à plein de lieux désaffectés. Au moment où j'écris ça je me retourne et aperçois 3 mecs qui viennent vers moi dans un coin paumé d'une route. Au final, des immigrés, eux aussi sont laissés pour compte sans vélos. Un mec que je croise à pieds 20 minutes plus tard me passe le salam. Pays de cons à vélo et aristocrates à pieds. Passé devant un datacenter Tesla, je n'en avais jamais vu. Même les scooters utilisent les pistes cyclables c'est quoi ce pays de cons. Je me suis fait à nouveau pranked par un parc qui n'est qu'une pelouse enfin trois bouts d'herbes jaunes qui s'échappent du goudron. Les bâtiments industriels sont assez jolis mais je suis complètement perdu je suis les ombres à chaque rue. Actuellement dans une sorte de complexe d'entreprises, l'atlas arena amsterdam. Une entreprise vend des locaux et des activités d'entreprise à une autre entreprise, les poupées russes infernales. L'endroit est vide, moche, dégoûtant comme toute tentative de cohésion sociale en entreprise. La cohésion sociale naît de l'idéal, l'idéal de l'entreprise moderne n'est que le masque sordide de l'aliénation. 2 pauvres jets d'eau. Je commence à regarder les filles, c'est que je m'ennuie. Je passe dans une gare routière. Pays de cons qui doivent passer un temps mortel en mobilités pendulaires. Bon les filles me regardent aussi, ça me rassure. Je n'ai pas l'impression d'être plus grand que les gens ici ou alors les espaces sont si larges que les longueurs se ressentent moins. Je crois plutôt que les gens sont plus grands ici qu'en france. Le monde sommeille par manque d'imprudence. Lu houellebecq devant un canal, un danois à côté de moi m'a demandé ce que lisais puis nous avons discuté une petite demi-heure. Il fait une thèse sur le bouddhisme chinois après une licence de mathématiques. Il voulait écrire un livre sur la façon dont les mathématiques transforment notre monde. Il avait une manière très positiviste de voir cette rationalisation mathématique. Il ressemblait à Leonard Alf physiquement et dans sa hauteur chaleureuse mais je ne me suis pas senti le moins inférieur. J'essayais de lui montrer que l'esprit a une tendance et un besoin naturel à l'absence de rationnalisation. Par exemple lui étant ici à la place de finir sa thèse dans les meilleures conditions de travail. D'ailleurs il me dit qu'il la finira dans les 45 minutes suivantes. Je pense que l'anglais nous faisait nous exprimer plus pataud que prévu, je ne comprenais pas sa manière simpliste de voir le monde mathématiques. En tout cas c'était très agréable, il m'a recommandé le livre Cheese de Willem quelque chose, apparemment la prose danoise de ce livre est sublime. Il mit un terme à la discussion quand nous nous répétions et que je lui faisais une petite pique sur son incohérence, ça me semblait très convenable comme ça. Je me fous pas mal de visiter ce qu'il y a à voir à Amsterdam, je flâne dans les rues et pour l'instant ça me va. Le nombre de suicide augmenterait beaucoup si l'esprit humain n'avait la tendance à trouver beau ce qu'il voit souvent. La marche est très compliquée dans cette ville entre la largeur des rues, leurs courbes et entrelacements puis les pistes cyclables doublées des tramways, la multiplication des passages piétons d'une rue à l'autre. Campus étudiant très sympa à côté d'où je dors, Amsterdam Diemen. J'ai le vertige sur une passerelle qui passe au dessus d'une route en revenant. Maudits troittoirs trop larges. Je passe à nouveau à travers ""champs"" car je ne fais que me tromper de chemin, j'aime bien. Il est 22h, le même rose que ce matin à Bruxelles. Pas mal de choses depuis, ce voyage me satisfait complètement, change mes idées et est plus rempli de rencontres que je ne l'imaginais. Ça ne me dérangerait honnêtement pas d'avoir plus de solitude les prochains jours. Repos de l'âme. Au final j'aime bien le coin de l'auberge de jeunesse, ça fait penser au Munich d'Oriane, à Singapour. Beaucoup plus de femmes dans les rues à 23h30 qu'à Paris, elles sont toutes à vélo, je n'avais pas pensé à cet avantage de déplacement dans l'espace public. Assez marrant la distinction forte entre logements d'immigrés et d'étudiants. Vu un couple d'étudiants à leur fenêtre, coup de couteau dans le cœur. J'aurais pu être heureux comme ça avec Arlette si elle ne doutait pas de son amour pour moi, encore une nouvelle vie parallèle. Encore fatigué, je bois 2 gorgées mais je n'ai pas envie de plus. Première cigarette, marlboro gold, devant un majestueux oiseau. Pas vraiment d'effet que je saurais définir. Tête qui tourne un peu. Éteint avec les doigts car du bois autour, ça me brûle. Jsp si je fume bien, seulement au point de tousser 2-3 fois. Plus mal à la gorge qu'aux poumons. Aucun rapport avec le fort effet de l'alcool. Odeur de nicotine entre mon pouce et mon index. Hésitations pour l'allumer, la tenir mais vite eclipsées. Deuxième cigarette, mieux fumé en inspirant, aucune toux ni inflamation des poumons. Tête qui tourne un peu plus, j'ai bu 2 gorgée de label mais semble un effet d'un demi-flash. Pouls semble accéléré mais j'en sais rien. Tête qui tourne c'est agréable mais c'est tout. Petit vertige quand j'aspire la fumée et forme de satisfaction quand je souffle de la fumée. Forme d'essoufflement ensuite. Encore éteinte avec les doigts, pas du tout douloureux cette fois. Je dois continuer à éteindre avec les doigts, je reste chrétien dans peu de choses, un plaisir pour une expiation. Je passe devant un fumeur qui semble être un bon régulier, il crache par terre à plusieurs reprises, pas ce que je souhaite faire de ma vie. J'y vois un renforcement de l'effet apaisant de l'alcool sans vraiment de perte de lucidité. Je ne ressens aucune euphorie ou système de récompense. Deux gorgées et deux cigarettes. D'ailleurs fou tout ce qu'on peut tenir dans un blouson eden park. J'ai envie de dormir, pas fait de nuit hier. J'ai tellement de cheveux, je vais les couper demain. Oubli de souhaiter l'anniversaire de papa. Maman me le rappelle à 23h30, je l'appelle immédiatement. Il me prend à moitié à contrecœur puis me dis que ce n'est pas grave. L'appel dure trois minutes. Au fond je sais qu'il est déçu, je sais ce que c'est de ne pas se faire souhaiter son anniversaire par des proches. Je lui dis que c'est la dernière fois que ça arrive. Je m'en veux tellement, je gémis sur le retour. Je ne sais si j'écrirai autant demain, je ne sais s'il me faut prévoir plus concrètement des activités.

test post - Paris, XX/XX/2024

Le sentiment que rien n'arrive vraiment. Que tout a déjà été écrit. Qu'il ne vaut rien d'être enveloppant, qu'il n'y a plus d'expression que dans l'intime, le minuscule, l'écrasé et le désincarné. Qu'il ne faut plus écrire que pour soi, pour son Orient et pour son petit bouquin d'images. Ô gamin, les dieux ne sont plus grecs aujourd'hui !